Conseils et points de vigilance pour écrire une autobiographie

by Marièke

Bonjour à tous !

Je reçois régulièrement des questions sur l’écriture d’une autobiographie (comment faire, quelles sont les caractéristiques…). Ce genre n’étant pas mon préféré (de même que l’autofiction), je n’ai presque jamais écrit sur le sujet. J’ai décidé de me lancer aujourd’hui avec une liste de conseils et points de vigilance pour écrire une autobiographie.

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L’autobiographie, c’est quoi ?

Philippe Lejeune, dans son texte Le pacte autobiographique, indique que l’autobiographie est « un récit rétrospectif en prose [elle peut aussi être écrite en vers] qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité ».

En d’autres terme, une autobiographie est le récit de sa propre vie, à distinguer de la biographie (récit que l’on fait de la vie d’une autre personne) et de l’autofiction qui consiste à se mettre en scène dans un texte de fiction.

L’autobiographie, une fiction comme une autre

Avant de se lancer dans la rédaction d’une autobiographie, il est essentiel de comprendre que l’autobiographie est une fiction comme une autre (ou presque). Comprenez ici que le lecteur doit se faire plaisir en la lisant et qu’elle doit répondre aux mêmes enjeux qu’un roman classique (situation initiale, péripéties, climax et dénouement).

Ecrire une autobiographie, est-ce facile ?

Alors même que de nombreux auteurs débutants se lancent en premier dans une autobiographie en pensant que connaître leur sujet sera à leur avantage, c’est souvent l’effet inverse qui se produit : il est très difficile de prendre du recul et d’accepter la critique lorsque l’on écrit sur un sujet qui nous touche aussi personnellement. De ce fait, je vous conseille de vous lancer dans l’autobiographie lorsque vous maitrisez déjà bien les ficelles de la construction d’un récit.

#1 Rendre le personnage intéressant

Le héros de l’autobiographie, c’est soi même. Un des exercices difficiles de ce style est de se rendre intéressant ET ambivalent. Vous ne devez pas avoir toutes les qualités comme vous ne pouvez pas avoir tous les défauts.

#2 Trouver un antagoniste intéressant

Une autobiographie est un récit comme les autres. Il lui faut donc un antagoniste. Cela peut être un personnage (un parent, un collègue…), une situation ou même la société toute entière (les préjugés, les discriminations…)

#3 Choisir un objectif

Vous ne traversez pas la vie pour traverser la vie. Vous avez des objectifs à court terme et à long terme – réussir le bac, trouver un boulot, faire un enfant… Dans les romans, c’est la même chose. Le protagoniste principal est suivi durant une période (plus ou moins longue) de sa vie durant laquelle il cherche à atteindre un objectif. Vous devez construire votre texte autour de ces objectifs.

#4 Rester concis

Ce point est un corollaire du précédent. Dans une autobiographie, il faut savoir couper et sélectionner uniquement certains passages. Il n’est pas question de raconter toute votre vie mais de la raconter sous le prisme de la thématique que vous avez choisie.

Par exemple, si le thème de votre autobiographie est votre rapport avec votre maman, vous devez vous concentrer sur cette thématique. Il peut bien sûr avoir des intrigues secondaires (les relations avec votre soeur ou avec votre père, la rencontre avec votre compagnon…) mais votre intrigue principale sera l’évolution de vos relations avec votre maman.

#5 Ne pas mélanger concept et intrigue

Avoir un concept est différent d’avoir une histoire. Je vous l’ai déjà expliqué dans mon article sur Développer une idée de roman. en effet, ce conseil est valable pour tous les récits mais il me semble qu’il faut faire plus attention dans les autobiographies car les thèmes que nous choisissons nous tiennent très à coeur et il peut être facile d’oublier l’intérêt de l’intrigue pour entrer dans des réflexions.

En gros, « un monde où les gens peuvent sauter de planète à planète dans des vaisseaux et où la religion donne des pouvoirs de télékinésie » est une idée de concept, d’univers. « Un jeune homme rêve de quitter sa vie de paysan quand sa route croise celle d’une princesse de la Résistance et ils partent sauver le monde ensemble » est une idée d’intrigue, d’histoire. Concept et intrigue permettent de composer une histoire, ici celle de Star Wars.

Dans le cas une autobiographie, le fond peut être le racisme et la peur de l’étranger dans la France rurale et l’histoire, votre volonté d’exercer en tant que médecin à la campagne : les obstacles que vous rencontrez, comment vous réussissez (ou non).

#6 Penser aux lecteurs

Le lecteur est égoïste. Il s’identifie, a besoin de se retrouver dans l’histoire qui lui est racontée. Lorsque vous écrivez une autobiographie, vous ne devez pas penser seulement à vous mais plutôt à ce qui pourrait, dans votre histoire, résonner avec vos lecteurs.

C’est, il me semble, le plus gros piège de l’autobiographie. À l’image de l’auteur d’autofiction, l’auteur de l’autobiographie peut être tellement impliqué dans l’histoire qu’il raconte qu’il peut en oublier que cette histoire n’est pas essentielle pour le lecteur. Il faut parvenir à se concentrer sur des épisodes et des pensées universelles.

 

#7 La vérité vs le récit

La différence entre autobiographie et autofiction est que la première est vraie, la seconde est entièrement fausse. Cependant, l’autobiographie reste un genre lié au roman et il est possible de jouer un peu avec la réalité. Vous pouvez notamment la simplifier, voire mentir.

Je pense à l’autobiographie de Rousseau, Confessions, que j’ai étudié en Première pour le bac : il l’écrivait d’abord et surtout dans un objectif de justification dans un contexte compliqué (il se sentait alors visé par un complot contre sa personne). Il n’a donc pas hésité à enjoliver la réalité et à mettre l’accent sur les passages qui le mettaient en avant.

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J’espère que ces quelques conseils vous aideront à construire votre texte. Avez-vous déjà tenté d’écrire votre autobiographie ? Dans quel but avez-vous tenté cette expérience ? (Un but littéraire, un but cathartique, un devoir de mémoire ?)

Bonne journée et beau weekend à toutes et tous,

Marièke

Crédit image : Ecrire sur une machine à écrire par Milkovi (Unsplash, CC0)

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9 comments

Céline 26 janvier 2018 - 9 h 06 min

J’adore l’exemple de Star Wars pour illustrer ton propos !! XD Je suis une grande fan de Star Wars, mais la simplification que tu en as fait est juste géniale !
Pour ma part, j’ai commencé, dans un but cathartique, l’écriture d’un « truc » entre auto-fiction et auto-biographie, dans le sens où j’ai pris deux personnages qui réunissent à eux deux des points de ma personnalité et je leur ai fait vivre des épisodes de ma vie tout en créant une trame plus ou moins fictive. J’ai arrêté l’exercice finalement car la relecture était trop difficile.
Lorsque vous écrivez une autobiographie avec des passages réels de votre vie, il faut avoir en tête que si elle est publiée, vos proches risquent de la lire. Il faut alors oublier sa pudeur et être prêt à recevoir le jugement des autres. C’est compliqué…

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Ji 26 janvier 2018 - 12 h 07 min

Petite coquille dans le titre 🙂

Merci pour ces petits conseils !

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Marièke 27 janvier 2018 - 13 h 59 min

Oups, je corrige !

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Zia Odet 26 janvier 2018 - 18 h 19 min

J’ai écrit une autobiographie dans un but cathartique : elle raconte un tournant dans ma vie, quand je me suis séparée de mon conjoint après 17 années ensemble. Les lecteurs qui l’ont eue entre les mains en ont apprécié le style et l’histoire. Mais je ne l’ai jamais fait éditer. Je pense que cela créerait trop de problèmes avec mon entourage et j’ai juste envie de tourner la page sur cette période agitée de mon existence.
Il faut être fort pour oser publier une autobiographie, je pense. Certains auteurs utilisent alors un pseudonyme.

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Ed 27 janvier 2018 - 17 h 11 min

Peut-on donner le conseil suivant : avoir un certain âge ? Pas seulement parce qu’il y a, par la force des choses, plus de vécu à raconter, mais aussi pour le recul et la sagesse nécessaires à l’écriture d’une autobiographie.

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Delphine 10 février 2018 - 0 h 56 min

Avoir un concept est différent d’avoir une histoire
Il te manque une majuscule juste après le lien dans cette partie 🙂

Je trouve cet exercice terriblement difficile, j’ai lu une seule biographie et j’admire les auteurs qui se lancent dans cette rédaction. Trouver une histoire est un concept, en acceptant de se détacher, d’une certaine manière, de nos vécus réels pour se focaliser sur l’intrigue… Il faut tenter, je suppose, mais ça me semble une entreprise ardue. Un challenge !

Je suppose qu’il existe plusieurs niveaux d’autobiographie ? Comme rester dans le monde réel, inventer d’autres personnages, ajouter des éléments concrets pour remplacer une prise de décision basée sur trop peu d’arguments…

Ton article ressemble pour le moment à un mode d’emploi pour sauter d’une falaise, mais c’est un vrai défi à tenter !

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Marièke 20 février 2018 - 23 h 18 min

Oui, il existe d’autres variantes, dans les cas que tu évoques, il s’agit de l’autofiction qui consiste à se mettre en scène dans une situation plus ou moins inventée (Amélie Nothomb est une maîtresse du genre !) (j’en parle dans mon article et je t’invite à lire l’article que j’avais consacré au sujet si cela t’intéresse).

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Bousba beya 8 décembre 2018 - 17 h 20 min

Merci pour ces conseils , moi si je veux écrire mon autobiographie , c’est pour un devoir de mémoire , beaucoup de personne ne me connaisse pas vraiment de part ma timidité et si je puisse dire mon  » isolement » ,ce travail m’aidera a fouiller dans ma mémoire , et ainsi laisser un « héritage » modeste qu’il soit a mes proches

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Marièke 2 janvier 2019 - 11 h 20 min

Oui, c’est important de partager : le faire à l’écrit est une belle idée !
Bon courage dans ce travail !

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