Bien choisir son point de vue

by Marièke

Cette série sur les différents points de vue s’achève assez logiquement sur une série de questions pour vous aider à  choisir votre point de vue que vous commenciez votre histoire ou que vous doutiez par rapport à votre choix initial.

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Quand choisir son point de vue ?

De manière générale, je vous conseille de commencer à réfléchir à votre point de vue avant de vous lancer dans l’écriture : j’axe cet article en ce sens. Cependant, si vous êtes à présent en pleine écriture et en train de douter quant à votre point de vue, n’hésitez pas à le lire aussi. Cela pourra vous conforter dans votre choix initial ou au contraire… tout remettre en cause. Dans ce cas, vous avez deux possibilités :

  1. Continuer votre histoire coûte que coûte avec le point de vue choisi au départ. Vous verrez ensuite à la réécriture si vous devez tout casser.
  2. Recommencer du début avec ce qui vous semble le bon point de vue.

La réponse dépend de vous et de votre rapport à l’écriture. Un conseil cependant : si vous êtes du genre à ne jamais finir un premier brouillon et à toujours trouver une bonne excuse pour ne pas finir, CONTINUEZ.

Sur ce, place aux questions pour vous aider à bien choisir votre point de vue.

Étape 1 : Avoir une idée de ce qui se fait

Il ne s’agit pas ici de plagier mais bien d’être au courant de 1) ce que VOUS êtes habitué à lire et 2) ce que VOS LECTEURS sont habitués à lire. Libre à vous ensuite de vous en démarquer ou d’obéir aux règles du genre. Mais au moins, vous saurez.

Et en plus, ça vous permet de vous poser la question du genre de votre texte. C’est pas du luxe, dixit la fille qui vient d’écrire une romance sans romance (-_-‘).

Question piège 1 : Quel genre écrivez-vous ?

Un thriller / policier

La plupart des récits policiers classiques et des thrillers sont écrits en point de vue interne à la troisième personne. Afin d’incorporer du suspens, certains auteurs affichent clairement les intentions de leurs personnages avec le point de vue omniscient.

Une romance

La romance est souvent écrite en point de vue interne ou omniscient.

De la fantasy

Pour la fantasy, le point de vue omniscient est souvent utilisé. Il permet notamment de décrire chaque nouvelle espèce avec précision. Plus récemment, des titres jonglent entre les points de vue interne afin d’apporter différentes approches du monde où l’intrigue évolue.

Question 2 : Pour quelle cible écrivez-vous ?

La jeunesse

Si beaucoup de livres sont écrits en point de vue interne afin de permettre l’identification, le point de vue omniscient est aussi très présent dans la littérature jeunesse. C’est celui utilisé dans les contes, par exemple. Il permet à l’enfant de disposer de tous les éléments.

>> L’essentiel est d’être particulièrement clair pour ne pas perturber la lecture du jeune lecteur. Retrouvez mes conseils spécifiques à l’écriture jeunesse.

Du young adult

La plupart des livres jeunesse ou young adults optent pour le point de vue interne. Il permet l’identification et le personnage principal est souvent soutenu par un mentor qui permet d’apporter les connaissances nécessaires au lecteur.

Étape 2 : Anticiper votre parti pris narratif

Question 1 : Avez-vous déjà choisi votre narrateur ?

« Oui, ce sera le personnage principal »

OK. Vous travaillerez donc en point de vue interne, à la première personne du singulier. Vous évoluerez au présent ou au passé.

« Oui, ce sera le meilleur ami du personnage principal »

Il y a donc de forte chance pour que vous adoptez un point de vue interne (celui du meilleur ami) qui raconte l’histoire en point de vue externe (il raconte les avancées de son ami sans tout savoir de ses pensées).

Exemple : Sherlock Holmes

« Oui, ce sera mon groupe d’aventuriers »

Vous aurez donc une succession de points de vue interne. Pour éviter de perdre votre lecteur au milieu de tout ces « je », je vous conseille le point de vue interne à la troisième personne.

Exemple : D’à Vinci Code

« Oui, mais ça ne marche pas »

Vous avez commencé, écrit plusieurs chapitres et pourtant, ça ne fonctionne pas. Passez à la question 2 pour quelques lumières sur vos doutes.

« Non… »

Pas de panique. La question 3 est pour vous !

Question 2 : L’avez-vous mal choisi ?

Vous vous ennuyez.

Il y a un truc, un petit qui ne fonctionne pas. Mais impossible de savoir quoi. Peut-être avez-vous décidé d’opter pour du classique et finalement, c’est trop classique pour vous. N’hésitez pas à tester autre chose – en écrivant un chapitre dans un point de vue différent par exemple – vous aurez peut-être des surprises.

C’est trop tordu.

Raconter une histoire d’amour via le point de vue d’une fourmi, c’est un art. Un art que peu d’entre nous maîtrise.

N’allez pas forcément chercher des trucs hyper compliqués pour être différent si vous ne le sentez pas. Écrire un roman est déjà assez compliqué comme ça : pas la peine de vous mettre des bâtons dans les roues dès le départ. Écrivez ce que vous aimez d’abord, puis pour épater les autres ensuite. N’y-a-t’il pas un autre moyen plus simple de raconter l’histoire qui vous trotte dans la tête ?

Vous pensiez votre personnage-narrateur plus important.

Mais en fait non, il est plat, il ne sert à rien. Deux solutions : vous supprimez ce personnage et vous changez de narrateur ou vous rendez ce personnage attractif. A vous de voir en fonction de son rôle dans l’histoire. Mais si vous le vouliez narrateur à la base, c’est qu’il devait avoir un intérêt, non ?

Question 3 : Pourquoi ne l’avez vous pas encore choisi ?

La réponse à cette question peur en fait déterminer votre point de vue.

Car cela ne vous semble pas important.

Vous ne voulez pas vous prendre la tête avec ça. Vous voulez du « classique ». Optez pour un point de vue neutre, omniscient. Vous pouvez aussi jeter un coup d’oeil au genre de votre roman et faire ce qui est « habituel » dans ce genre.

Car vous ne savez pas trop où vous mettez les pieds.

Écrivez le premier chapitre, pour voir. Comment vous vient-il ? À la première personne ? À la troisième ? Cela peut peut-être vous aider à vous décider.

Vous hésitez entre plusieurs possibilités.

Dans ce cas aussi, la réponse se trouve dans l’écriture. Écrivez deux fois votre premier chapitre, voyez comment ils coulent. Est-ce que cela vous inspire pour la suite ?

Vous débutez.

Peur de vous lancer ? Dans un premier temps, optez plutôt pour un point de vue omniscient. C’est le plus facile à gérer car vous n’avez pas à vous inquiéter de trop en dire. Dans un second temps, il vous sera toujours possible de reprendre votre texte si vous trouvez qu’il manque de quelque chose.

Étape 3 : Avez-vous un objectif ?

À présent, vous devriez commencer à avoir une petite idée de la façon dont vous allez raconter votre histoire. Si vous hésitez encore, je vous conseille de vous arrêter désormais sur votre histoire, sur ce que vous voulez raconter. On a vu dans le post précédent que le point de vue avait un fort impact sur l’histoire et ses enjeux. L’idée va être de choisir votre point de vue afin que :

  • votre histoire soit racontée de la façon la plus naturelle possible (on évite de s’embrouiller et d’embrouiller le lecteur avec… Pourquoi une fourmi irait-elle raconter une histoire d’amour entre deux humains ?)
  • votre message (qu’il soit politique, émotionnel, écologique, les trois en même temps) passe le mieux possible.

Faire marcher l’identification

Le point de vue interne est le plus à même de faire adhérer votre lecteur à votre personnage. Plus encore, il permet de mettre en place un style parlé qui peut pousser le lecteur à entrer dans la peau, dans les pensées de votre personnage. D’autant plus s’il a un accent, une façon de parler bien à lui.

Si tu passes la rivière de Geneviève Dumas en est un exemple impressionnant.

Utilisez l’humour, de la satyre

Pour critiquer, les points de vue externe et omniscient sont ceux qui vous permettront de transmettre votre message de narrateur-auteur. À travers le point de vue interne, vous ne pourrez rire que de ce dont rit votre personnage (cela peut très bien vous convenir, cela dit).

Tromper votre lecteur

Mettre mal à l’aise votre lecteur peut aisément se faire en point de vue interne, si il comprend que celui qui raconte l’histoire est un personnage peu recommandable. Le point de vue externe, qui ne permet pas de lire les pensées d’un personnages, peut aussi être très intéressant si votre personnage central est un manipulateur.

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Plus largement, mon premier et dernier conseil est de réfléchir à ce que vous aimez lire. C’est toujours plus facile de travailler sur quelque chose que l’on aime et qui se fait naturellement plutôt que de se forcer à adopter un style qui n’est pas le nôtre.

Et enfin, rappelez vous : rien n’est figé en écriture. Cela vous demandera, certes, un peu de travail, mais rien ne vous empêche de changer votre point de vue lors de vos réécritures si celui que vous avez choisi ne convient pas totalement à l’histoire. Écrivez, vous verrez !

Très bon courage et à lundi pour un billet un peu spécial !

Marièke

Crédit image : Choisir son point de vue, c’est chercher la perle rare, le trèfle à quatre feuilles… (Pixabay, CC0)

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2 comments

Valérie 28 janvier 2019 - 18 h 27 min

Merci beaucoup. Tout ce que je lis venant de votre part m’est très précieux. Ecrire est passionnant, même si j’en suis à mes débuts.
Val de Belgique 🙂
A bientôt

Reply
Marièke 10 février 2019 - 17 h 55 min

Contente que vous trouviez des réponses à vos questions sur le blog !
Belle continuation pour vos projets !

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